Une Loi Electorale, Pour Quoi? Pour Qui?

?Par Dr Ghada El-Yafi

Dr Ghada El-YafiLes d?bats sur la loi ?lectorale vont bon train ; chacun pr?sente sa loi, chacun d?fend son point de vue, chacun a concoct? le meilleur projet pour servir la meilleure cause.
Qu?attendons-nous de la loi ?lectorale ? Si elle ne va pas consacrer la d?mocratie, si elle ne va pas concerner et impliquer le citoyen, elle ne servira qu?une petite poign?e d?individus qui perp?tueront leur loi et leur manipulation de la plus grande partie de la population.
Essayons d??tablir l??tat des lieux d?abord puis de trouver des issues.

En g?n?ral, une faible proportion de la population va voter quel que soit l?enjeu. La majorit? ne se sent pas concern?e, toutes ?lections confondues. Une des raisons majeures est que le citoyen ne vote pas pr?s de son domicile, mais au lieu indiqu? sur son ?tat civil. Une autre raison, c?est que le Libanais pense que les ?lections sont truqu?es et que le r?sultat en est connu d?avance, donc ? quoi bon voter ?
Par ailleurs, le Libanais qui va aux urnes vote ? utile ?, comme l?ont montr? les r?sultats des ?lections pr?c?dentes ; c?est-?-dire qu?il vote pour celui qui lui a promis un service, un avantage quelconque, ou celui qui pourrait le faire, ou encore celui qu?il consid?re assez puissant, une fois ?lu, pour passer outre les r?gles et le prot?ger en ?change seulement de son all?geance. Le choix ne va jamais ? ou rarement ? jusqu?au raisonnement qui prend en consid?ration la fonction officielle du candidat : pour le d?put?, ?tablir et renouveler les lois, surveiller la fonction publique, contr?ler l?ex?cutif et le sanctionner par le biais du vote de confiance et ?lire le pr?sident de la R?publique ; pour le membre de la municipalit?, assurer les services locaux et le d?veloppement. La relation entre candidat et ?lecteur ne va pas plus loin qu?une relation de n?goce.
Sur un autre plan, les repr?sentants des citoyens aux municipales ne semblent pas avoir assez de poids au regard des ?lecteurs, car les d?cisions majeures viennent de celui qui poss?de le pouvoir financier, ? savoir, principalement, le pouvoir central. Or ce sont les membres de la municipalit? qui sont mandat?s pour rendre les services aux citoyens et r?pondre ? leurs dol?ances, car eux sont ?lus pour d?velopper les r?gions et les promouvoir, ainsi que pour favoriser la d?centralisation. Paradoxalement, ils n?en ont pas les moyens : ils ne poss?dent pas les pleins pouvoirs, financiers en particulier.
Cela dit, le premier objectif de cette r?flexion est de remettre les pendules ? l?heure, c?est-?-dire comprendre et faire comprendre aux citoyens en quoi consiste le r?le du d?put? ou celui du membre de la municipalit?, savoir ce qu?ils en attendent et l?exiger.?
Ce ne sont certainement pas les services r?clam?s par ses ?lecteurs qui d?finissent le r?le du d?put? : s?il les rend, c?est qu?il empi?te sur un terrain qui n?est pas le sien, favorisant par le fait m?me l?aspect mercantile de cette relation. Il faut bien se rappeler aussi que, une fois ?lu, le d?put? repr?sente tous les Libanais et sur tout le territoire, sans consid?ration de confession ou de r?gion. Les lois sont vot?es pour am?liorer les conditions de vie de tous les Libanais et non seulement du petit groupe d??lecteurs ni de la r?gion o? s?est pr?sent? le candidat, de la r?gion dont il est originaire.
Par contre, ce sont les membres de la municipalit? qui sont habilit?s ? rendre des services. Ils repr?sentent les r?gions o? ils ont ?t? ?lus, exclusivement. Ils sont l?outil du d?veloppement de ces r?gions.
Voil? ce qu?il faut que les citoyens comprennent d?abord, puis ils pourraient accepter peut-?tre, comme base de r?forme ?lectorale, ce que je vais proposer ci-dessous.
Pour bien faire la diff?rence entre les deux concepts, soit la repr?sentation municipale et celle des l?gislatives, deux projets de lois devraient ?tre soumis en m?me temps : si la petite circonscription est indispensable pour le d?coupage municipal, c?est une circonscription unique qui pr?vaudrait pour les l?gislatives, leurs fonctions respectives ?tant, comme nous l?avons montr?, totalement diff?rentes.
La base de la loi pour les municipales devrait consacrer la petite circonscription ? travers tout le Liban, ? condition d?accorder le droit de vote aux seuls habitants de la r?gion. Ainsi, les citoyens pourraient reconna?tre, dans les membres de leur municipalit?, ceux qui les repr?sentent r?ellement. Mais pour que cela devienne possible, il faudrait assurer le pouvoir financier qui revient ? chaque municipalit? dans la transparence, c?est-?-dire que l??tat central devrait seulement contr?ler, mais non d?cider, de ce qui doit ou non ?tre d?pens? par la municipalit?. Si la loi le stipule, elle doit ?tre appliqu?e, sinon elle devrait ?tre amend?e dans ce but. La municipalit? se soumettrait aux v?ux de ses ?lecteurs et ? leurs priorit?s par le biais, par exemple, de commissions sp?cialis?es.
Parall?lement, la base de la loi ?lectorale pour les l?gislatives consid?rerait le Liban comme une seule circonscription dans laquelle chaque citoyen aurait la possibilit? d??lire un nombre limit? de repr?sentants : quatre ? six, le m?me nombre pour tous les citoyens, sur tout le territoire libanais, car aucun Libanais ne pourrait trouver plus de quatre ? six personnes pour le repr?senter. Un nombre plus ?lev? d?passerait son choix.
Ce choix se ferait ind?pendamment de la confession et de la r?gion, ce qui garantirait la libert? du citoyen.
Pour lui faciliter la t?che et l?inciter ? remplir son devoir civique, le vote aurait lieu pr?s du domicile ou ailleurs, selon la volont? de l??lecteur. Une fois qu?il a vot?, son nom serait automatiquement effac? pour ?viter des votes multiples, gr?ce ? un syst?me informatique qui relierait toutes les r?gions ? informatique qu?il est grand temps d?instaurer.?
Une fois le vote termin?, les ?lus seraient les soixante-quatre chr?tiens ayant obtenu le plus grand nombre de voix et les soixante-quatre premiers musulmans, avec leurs proportions respectives.
Ainsi, les citoyens auraient la certitude d??tre repr?sent?s. Les interf?rences ill?gales qui pourraient influencer leur d?cision (attraction ou menace) seraient minimis?es, car contr?ler plus d?un million de personnes qui votent le m?me jour et qui peuvent choisir des personnes dispers?es sur tout le territoire libanais devient presque impossible. De m?me, la corruption serait r?duite au minimum. Par contre, les programmes ?lectoraux pourraient s?en trouver valoris?s.
Accessoirement, on r?glerait les plafonds des d?penses, de la publicit?, etc., pour garantir aux candidats une certaine ?galit? des chances. On pourrait ?galement reconsid?rer l??ge de vote, de mani?re ? ce que les lois soient plus coh?rentes : si on peut se marier ? dix-huit ans, pourquoi ne peut-on pas voter ?
Aucune loi humaine n?est parfaite, mais elle devrait au moins avoir des priorit?s. Ce qui vient d??tre pr?sent? a le gros avantage d??tablir une nette diff?rence entre la mission d?un d?put? et celle de la municipalit? ; cela, bien compris, pourrait consacrer la citoyennet? et jeter les bases d?une v?ritable d?mocratie en facilitant le devoir de vote et en respectant la libert? de choix, au-del? des int?r?ts personnels, confessionnels et sectaires. Ce syst?me aurait aussi l?avantage inestimable de mettre en ?chec corruption et manipulations.?
Avec le temps, les citoyens, plus concern?s, contr?leraient mieux la conduite de leurs repr?sentants, comprendraient mieux les enjeux, et pourraient rectifier le tir s?ils pensent s??tre tromp?s, d?passant ainsi le confessionnalisme et devenant pleinement responsables de leurs options : on peut ?tre dans le vrai ou se tromper, ind?pendamment de ses convictions religieuses, parce qu?on est justement humain

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Hardly working for a safe environment including politics to give our grandchildren a better future.
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